Tourist Trophy Isle of Man : la course moto la plus folle

2 roues

Le Tourist Trophy de l’île de Man est la course de motos la plus dangereuse et mythique au monde, organisée depuis 1907 sur un circuit routier de 60,7 km fermé pour l’occasion. Cette épreuve unique attire chaque année plus de 40 000 passionnés et se distingue par :

  • Un format contre-la-montre sur route ouverte avec 219 virages
  • Des vitesses dépassant les 330 km/h en plein village
  • Un bilan tragique de 269 décès depuis sa création
  • Des pilotes légendaires comme Michael Dunlop (33 victoires) ou Joey Dunlop (26 victoires)

Nous vous proposons de découvrir pourquoi cette course fascine autant qu’elle effraie, entre tradition centenaire et performances ultimes.

Qu’est-ce que le Tourist Trophy de l’île de Man (TT) ?

Le TT représente l’une des compétitions motocyclistes les plus prestigieuses de la planète. Nous parlons ici d’une course sur route publique, fermée exceptionnellement pendant deux semaines chaque année, fin mai et début juin. L’île de Man, petit territoire autonome situé entre l’Angleterre et l’Irlande, devient alors le théâtre d’exploits vertigineux.

Contrairement aux circuits traditionnels avec leurs zones de dégagement et leurs protections modernes, le TT se déroule sur des routes bordées de murs en pierre, de maisons, de poteaux et d’arbres. Les pilotes frôlent littéralement la mort à chaque virage, ce qui fait du TT une épreuve à part dans le monde du sport mécanique. Organisé par ACU Events Ltd avec le soutien du gouvernement local, l’événement attire des concurrents du monde entier, prêts à repousser leurs limites sur ce tracé légendaire.

La particularité majeure du TT réside dans son format contre-la-montre : les pilotes s’élancent individuellement toutes les 10 secondes, sans se battre roue contre roue. C’est le chronomètre qui désigne le vainqueur, pas la position sur la piste.

Dates et déroulement de l’événement

L’organisation du TT s’étale sur deux semaines complètes, avec une structure bien définie que nous connaissons par cœur. La première semaine est consacrée aux qualifications et essais, programmés presque chaque soir. Cette phase permet aux pilotes de se familiariser avec le tracé, d’affiner leurs réglages et de valider leur temps minimum pour participer aux courses officielles.

La seconde semaine accueille les courses principales, organisées un jour sur deux : samedi, lundi, mercredi et vendredi. Cette alternance laisse le temps aux équipes de préparer les machines et aux organisateurs de gérer la logistique colossale.

Entre les deux semaines se déroule le fameux “Mad Sunday”, un dimanche où le circuit est ouvert aux motards amateurs. Vous pouvez alors rouler sur le mythique Snaefell Mountain Course avec votre propre moto, dans le respect du code de la route britannique. C’est un moment unique que des milliers de passionnés ne manquent pour rien au monde.

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Les conditions météorologiques jouent un rôle majeur. En cas de brouillard, pluie intense ou vent violent, les courses peuvent être reportées ou raccourcies pour garantir un minimum de sécurité, même si le danger reste omniprésent.

Le circuit mythique du Snaefell Mountain Course

Le Snaefell Mountain Course reste inchangé depuis 1911, un tracé de 60,7 kilomètres (37,73 miles) comprenant 219 virages identifiés et nommés. Le départ est donné à Douglas, la capitale, sur Glencrutchery Road, face aux tribunes principales où l’ambiance est électrique.

Le circuit traverse des paysages époustouflants : villages pittoresques comme Kirkmichael ou Ramsey, routes de montagne sinueuses, lignes droites vertigineuses où les motos atteignent plus de 330 km/h. Peter Hickman détient le record absolu de vitesse avec 331,5 km/h enregistrés sur sa Kawasaki Ninja H2R. Nous parlons de vitesses dignes de la Formule 1, mais sur des routes larges de quelques mètres seulement.

Les portions les plus emblématiques incluent :

  • Bray Hill : descente vertigineuse dès le premier kilomètre où les motos décollent
  • Ballaugh Bridge : pont en dos d’âne franchi à pleine vitesse
  • Creg-ny-Baa : virage rapide très technique à flanc de montagne
  • The Mountain : section d’altitude culminant à 430 mètres

La difficulté majeure réside dans l’absence totale d’échappatoire. Un pilote doit mémoriser chaque virage, chaque bosse, chaque repère visuel. La moindre erreur se paie cash contre un muret ou dans un fossé.

Comment fonctionnent les courses du TT ?

Le format contre-la-montre distingue fondamentalement le TT des autres compétitions. Nous assistons à un défilé de pilotes s’élançant toutes les 10 secondes, seuls face au chronomètre et au circuit. Cette configuration évite les collisions directes mais amplifie la pression psychologique : impossible de savoir en temps réel si vous dominez ou si vous perdez du temps.

Chaque catégorie effectue un nombre de tours spécifique :

CatégorieNombre de toursDistance totale
Superbike / Senior TT6 tours~364 km
Supersport4 tours~243 km
Superstock / Supertwin / Sidecar3 tours~182 km

La Senior TT, disputée le vendredi final, représente la course la plus prestigieuse. Gagner cette épreuve équivaut à décrocher le Graal dans l’univers du TT. Les six tours consécutifs sur près de 365 kilomètres exigent une concentration et une endurance exceptionnelles.

Pour participer, les pilotes doivent satisfaire à des critères stricts. Les nouveaux venus (newcomers), limités à 15 par course, doivent prouver leur expérience en compétition reconnue. Lors des qualifications, ils doivent réaliser un temps inférieur à 112 % du troisième meilleur chrono pour les motos solo, et 120 % pour les sidecars. Ces exigences filtrent les prétendants et garantissent un niveau minimal de compétence sur ce circuit impitoyable.

Les différentes catégories de motos

Le TT propose plusieurs catégories techniques, chacune avec ses spécificités et son public de connaisseurs.

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Superbike TT : voici la catégorie reine avec les machines les plus puissantes. Les motos sport 4 cylindres de 750 à 1000 cm³ (ou bicylindres jusqu’à 1200 cm³) développent environ 250 chevaux pour un poids minimum de 165 kg. Ces bombes atteignent les vitesses maximales et procurent les sensations les plus extrêmes.

Supersport TT : cette catégorie privilégie les motos plus proches des modèles routiers, avec des modifications limitées. Les cylindrées vont de 400 à 955 cm³ pour environ 130 chevaux et un poids de 161 kg. Le spectacle reste intense malgré des performances inférieures au Superbike.

Superstock TT : ici, les machines ressemblent beaucoup aux modèles commerciaux que vous pourriez acheter en concession. Les préparations sont restreintes, notamment avec l’obligation d’utiliser des pneus routiers homologués. Avec 220 chevaux et 170 kg minimum, ces motos démontrent que la performance brute compte autant que le pilotage.

Supertwin TT : les bicylindres de 600 à 700 cm³ offrent un spectacle différent. Moins puissantes (105 chevaux) et plus légères (150 kg), elles exigent un pilotage fluide et précis. Nous apprécions particulièrement cette catégorie pour sa technicité pure.

Sidecar TT : la catégorie la plus spectaculaire visuellement. Un pilote et son passager (surnommé le “singe”) synchronisent leurs mouvements pour équilibrer l’ensemble dans les virages. Les moteurs 600 cm³ 4-temps propulsent ces attelages sur 3 tours. Le passager se jette littéralement d’un côté à l’autre pour compenser les forces et éviter le renversement.

Pilotes célèbres et palmarès du TT

Michael Dunlop domine actuellement le palmarès avec 33 victoires, un record absolu qui pourrait encore progresser tant ce pilote nord-irlandais impressionne par sa maîtrise. Son oncle, le légendaire Joey Dunlop, totalise 26 succès et reste une icône du TT, disparu tragiquement en course en Estonie en 2000.

John McGuinness, surnommé “The Morecambe Missile”, compte 23 victoires et incarne la régularité au plus haut niveau. Nous avons eu la chance de le rencontrer lors d’un TT, et son humilité contraste avec son talent phénoménal.

Peter Hickman mérite une mention spéciale : 14 victoires à son actif, mais surtout le record absolu du tour en 16 minutes et 36 secondes, soit une moyenne de 219 km/h sur 60,7 kilomètres de routes publiques. Réfléchissez-y : maintenir cette moyenne implique de frôler les 300 km/h dans les portions rapides pour compenser les villages traversés à “seulement” 150 km/h.

Dave Molyneux domine la catégorie Sidecar avec 17 victoires, prouvant que ce format atypique exige autant de talent que les motos solo.

La dangerosité du TT se reflète dans les statistiques : 156 décès pendant les courses officielles depuis 1907, 269 au total en incluant les essais. L’année 2022 a égalé le sinistre record de 1970 avec 6 morts. Ces chiffres nous rappellent que derrière la passion et l’adrénaline, le TT reste la course la plus dangereuse au monde, où chaque pilote accepte consciemment de risquer sa vie pour la gloire et l’amour de la vitesse pure.

Écrit par

Thomas

Thomas est passionné de mécanique et co-fondateur de rs-motorsport.fr aux côtés de Julie. Ensemble, ils ont créé ce site pour partager leur passion de l’automobile et des deux-roues avec un large public. Thomas se concentre sur les aspects techniques et les essais de véhicules, tandis que Julie s’occupe des tendances, de l’équipement et de l’actualité du secteur. Leur complémentarité fait de rs-motorsport.fr une référence pour tous ceux qui cherchent des conseils fiables et des contenus accessibles dans l’univers auto-moto.

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